L’histoire de mon vieil arbre
Quand nous avons aménagé dans notre maison de campagne, il y avait quatre arbres qui longeaient la maison et nous n’avions aucune idée de quel arbre il s’agissait. Nous avons donc fait appel à un paysagiste qui, tout en levant le nez, nous a dit que c’étaient des érables à Giguère sans aucune valeur et considéré comme envahissant. C’était plutôt décevant. Et pourquoi le nom de Giguère et pourquoi le nom d’érable alors qu’ils n’ont même pas des feuilles d’érable tel qu’on les connaît.
Enfin, j’ai cru que le nom de Giguère provenait d’un scientifique qui aurait étudié cet arbre. Pas du tout, cela viendrait probablement de la déformation du nom « érable argilière »
Finalement on a décidé de les garder. On les trouvait beaux malgré leur mauvaise réputation. Cependant ils avaient d’autres défauts que nous ne connaissions pas encore. Leur graine est toxique, c’est pas grave on n’en mange pas mais ils sont très très fragiles. Nous sommes situés dans un endroit où les grands vents s’engouffrent facilement. Vous vous imaginez à trois heures du matin un orage, des éclairs et vous entendez un énorme craquement. Trois sont donc tombés les uns après les autres et jamais dans la même tempête. Notre maison est très vieille et je me demande encore pourquoi ils ne sont pas tombés avant notre arrivée. Heureusement en tombant ils se sont tous couchés le long de la maison en la touchant à peine. Le troisième a brisé une gouttière et un coin du toit et cela nous a fait réfléchir au sort du quatrième, le plus gros et le plus beau. Vous le voyez sur la photo dans toute sa splendeur avec son tronc de quarante-sept pouces de diamètre et ses grosses branches tordues qui tanguent vers la maison. On a fait venir Mathieu, le jeune bûcheron et on a discuté si on déracinait ou on gardait la souche ou on gardait le tronc. On a choisi de garder le tronc mais j’ai bien spécifié à Mathieu ne me fait pas une coupe carrée en haut. Il a bien compris ma demande et j’étais très heureuse du résultat. Quand je l’ai vu, j’ai dit je vais faire des escaladeurs qui vont grimper jusqu’à son sommet. L’arbre n’est plus mais son tronc est encore debout malgré cinq années depuis sa coupe. Son tronc de vieil arbre a perdu son écorce mais il est toujours magnifique. J’ai gardé des morceaux d’écorce dont je me sers pour créer des œuvres. Je sais bien qu’un jour ses racines vont lâcher prise mais en attendant, on profite encore de sa majesté.