Le coup de pinceau
Robert Henri, dans son livre intitulé « The Art Spirit », décrit le coup de pinceau sur six pages. En voici quelques lignes :
Il y a certains coups de pinceau qui sont à la fois audacieux et mauvais.
Il y a des coups de pinceau timides et hésitants.
Des coups qui ont commencé bravement mais qui ne savent pas où aller. Parfois ils se heurtent à une chose et gaspillent cette chose ou bien ils serrent ici et là ou ils se dissolvent dans le doute.
Des coups qui ressemblent à des coups de pinceau et qui nous ramènent à la peinture plutôt qu’au sujet du tableau et à l’art.
Il y a d’autres touches qui inspirent un sens de vigueur, de direction, de vitesse, de plénitude et de toutes les sensations variées qu’un artiste désire exprimer.
Le simple coup de pinceau lui-même doit parler. Il compte qu’on le veuille ou non. Il est significatif ou il est vide.
Il est sur la toile et raconte son histoire. Il est démonstratif, superficiel, mesquin, chiche, égoïste, à la mesure d’un avare; il est riche, plein, généreux, vivant et sait ce qui se passe.
Voici trois coups de pinceau de Cézanne à des âges différents:
RIVIÈRE DANS LA PLAINE, 1866-1868 entre 26 et 28 ans. Bien qu’en relation avec les mouvements des motifs de la nature, le coup de pinceau est très simple.
LA ROUTE PONTOISE, 1875-1877 entre 36 et 38 ans. Ici, le coup de pinceau a raccourci et les couleurs plus nuancées s’intègrent subtilement.
ROCHERS ET BRANCHES À BÉBIMUS, 1900-1904 entre 61 et 65 ans. L’artiste est en possession de son art. Les couleurs se sont enrichies, les mouvements sont mis en évidence et le coup de pinceau vibre intensément.